Il est intéressant de noter que tu es un ancien académicien et que tu as rejoint l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg trois mois après être entré à l’Académie. Quel a été le plus grand changement pour toi ? Comment l'as-tu vécu ?
Le plus grand changement pour moi a été de passer d'un emploi à mi-temps à l'académie à un emploi à temps plein au sein de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg. J'ai eu un peu plus de mal à trouver le temps de pratiquer seul et j'ai eu l'impression que les répétitions en général étaient plus intenses que d'habitude. Mais à part cela, il n'y a pratiquement aucune différence. Dans notre section d'alto, tout le monde est très sympathique, et je me sens vraiment détendu et à l'aise.
De plus, lorsque j'étais membre de l'académie, je vivais avec les six autres académiciens dans la même maison. Cela a également changé depuis que j'ai rejoint l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg à temps plein. J'ai maintenant mon propre logement, mais nous nous fréquentons régulièrement et le lien que nous avons créé est toujours là.
Comment et quand as-tu entendu parler pour la première fois de l'Académie et/ou de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg ?
J'ai entendu parler de l’Académie par le biais de la plateforme Muvac. À l'époque, je cherchais un emploi et lorsque j'ai vu l'annonce de l’audition, j'ai décidé de postuler. De fil en aiguille, je me suis retrouvé ici.
Te souviens-tu des œuvres que tu as dû jouer lors de ton audition à l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg ?
Je me souviens particulièrement de la Sinfonietta de Leoš Janáček. C'est une pièce relativement difficile car elle est très technique et il faut prêter particulièrement attention à l'intonation. Je me souviens d'avoir beaucoup pratiqué ce morceau. Comme il est très difficile de s'observer pendant que l'on joue, je pense qu'il est très utile de se filmer. Cela vous donne des indications cruciales sur ce que vous pouvez améliorer.
Y a-t-il un conseil particulier que tu donnerais à quelqu'un qui se prépare à une audition ou à quelqu'un qui vient de rejoindre un orchestre ?
Pendant la période d'essai, mon conseil serait d'être aussi préparé et détendu que possible. Je pense qu'il est important de jouer avec confiance. La préparation et la confiance vont de pair. Pendant la période d'essai, on a tendance à craindre un peu de jouer fort et de se montrer. Comme dans la vie, il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, il ne faut pas hésiter à jouer. Une fois que vous commencez à hésiter, cela se répand comme un virus qui affecte les gens autour de vous. Essayer de tout faire à la perfection est paradoxalement aussi un obstacle.
Y a-t-il un concert particulier dont tu te souviens pendant ton passage à l’Académie ou au sein de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg. Si oui, pourquoi ?
Je me souviens très bien du concert que nous (Orchestre Philharmonique du Luxembourg) avons donné en février 2022 avec Jukka-Pekka Saraste et Sol Gabetta, où nous avons joué le programme d'Antonín Dvořák. Pour ce concert, mon chef est tombé malade et j'ai dû m'asseoir à côté du premier soliste et en face d'un très grand chef d'orchestre. J'ai appris la nouvelle cinq minutes avant la répétition ; je ne m'y attendais pas du tout. J'étais très nerveux, mais finalement le concert a été un succès. Je devais jouer un bref solo très compliqué, ce qui m'a demandé beaucoup de travail.
Quel(s) musicien(s) t’inspire(nt) ou t’influence(nt) le plus ? As-tu acquis des techniques particulières au cours de ces années?
C'est très difficile à dire. J'aime écouter des vieux disques. Si je devais choisir un violoniste et un altiste, je dirais Fritz Kreisler ou William Primrose: il y a vraiment «quelque chose» dans leur son et leur façon de jouer! Ils ont été importants pour mon développement musical en termes de jeu individuel et je recommande vraiment de les écouter.
Mais j'ai aussi beaucoup appris avec mes quatre professeurs au Japon et à Anvers, en Belgique, ainsi qu'avec les membres de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg.
J'apprends actuellement une technique appelée la technique Alexander. C'est une technique qui enseigne l'amélioration de la posture et du mouvement, ce qui aide à réduire et à prévenir les problèmes causés par de mauvaises habitudes. Je l'utilise essentiellement pour éviter de me blesser en jouant et pour établir une bonne connexion entre mon corps et mon instrument. Certaines de ces techniques peuvent également être utilisées pour améliorer votre jeu. Je ne peux que recommander à tout le monde d'utiliser cette technique.
As-tu une partie solo préférée dans le répertoire orchestral ?
J'aime Ma Mère l'Oye de Ravel. Dans le dernier mouvement, il y a un solo d'alto qui est joué dans un très haut registre et près du corps de l'instrument. J'aime beaucoup les compositeurs français et le répertoire français.
Depuis combien de temps joues-tu de l'alto et pourquoi l'as-tu choisi ? Qu'est-ce qui rend cet instrument si unique à tes yeux?
J'ai commencé à jouer du violon à l'âge de 3 ans et je suis passé à l'alto à 15 ans. Lorsque je suis entré à l'école secondaire de musique de Tokyo, j'ai passé l'examen pour le violon et l'alto. Malheureusement, je n'ai pas réussi l'examen de violon. C'est à cette époque que j'ai décidé de continuer à jouer de l'alto. Finalement, je préfère l'alto parce qu'il a un son plus profond et que je me sens plus proche de cet instrument. J'ai également une main assez grande et donc l'alto est plus confortable pour moi.
Outre l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg, y a-t-il un orchestre que tu affectionnes particulièrement ?
Jouer au sein de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg a été mon premier emploi, je choisis bien sûr l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg! Lorsque j'étais enfant, mon père et moi aimions aussi beaucoup regarder l'Orchestre philharmonique de Vienne et les concerts du Nouvel An dirigés par Carlos Kleiber.
Y a-t-il une salle de concert en particulier dans laquelle tu aimerais bien te produire avec l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg ? Pourquoi ?
J'espère vraiment aller un jour au Japon avec l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg et jouer au Suntory Hall de Tokyo. C'est une salle de concert incroyablement luxueuse à l'acoustique exceptionnelle. C'est aussi un lieu très importante pour les Japonais, surtout si vous êtes musicien.
Où as-tu vécu avant de venir au Luxembourg et comment trouves-tu le Luxembourg jusqu'à présent ? Y a-t-il des choses qui te plaisent particulièrement?
Avant de venir au Luxembourg, j'ai vécu à Tokyo et à Anvers en Belgique. À l'âge de 22 ans, j'ai obtenu mon diplôme de l'Université des arts de Tokyo. J'ai toujours voulu étudier et travailler en Europe. Puisque je connaissais l'un des professeurs d'Anvers, j'ai décidé de m'y installer directement.
Ma première visite au Luxembourg était liée à mon audition pour intégrer la Luxembourg Philharmonic Academy.
Lorsque j'ai emménagé ici, mes premières impressions du Luxembourg étaient très positives. La ville de Luxembourg est très belle, et je me souviens avoir été impressionné par la vue depuis le Pont Adolphe.
Que pensez-vous du fait d'intégrer une académie avant d'entrer à plein temps dans un orchestre ?
Dans l'ensemble, l'académie fait un très bon travail pour préparer à un poste au sein d’un orchestre, acquérir de l'expérience et devenir un meilleur musicien. Le jeu en solo et le jeu en orchestre sont très différents et il faut donc les apprendre. Cependant, cela ne convient pas nécessairement à tout le monde. Je pense que l'on ne saisit le bénéfice d’une académie d’orchestre qu’après en avoir réellement fait l’expérience, mais cet avis n’engage que mois. En ce qui me concerne, cela a été bénéfique.